C'est un métal plus lourd que le plomb. L'uranium naturel contient 2 isotopes : 99,3% d'U 238 et donc 0,7 % d'U 235. Seul le U235 est radioactif. Les Canadiens ont fait un réacteur nucléaire avec de l'uranium naturel, mais ce système impose de remplir la cuve avec de l'eau lourde. Pour faire la bombe, il faut avoir 2 morceaux d'U 235 que l'on rapproche brusquement pour atteindre la masse critique.

Les centrales nucléaires classiques utilisent de l'uranium enrichi, 96,5% d'U238 et 3,5% d'U235. On remplace alors l'eau lourde par de l'eau ordinaire, c'est quand même plus simple. L'enrichissement se fait par passage d'hexafluorure d'uranium (c'est un gaz) dans une succession d'"écrémeuses". C'est l'origine du conflit pour l'instant diplomatique avec l'Iran. Les éléments de combustible, avant qu'ils ne soient mis dans le réacteur, sont si peu radioactifs qu'ils se manipulent sans protection. Que dire alors de l'uranium appauvri... sauf pour les Anglais qui ont déclassé Tabarly, mauvais joueurs !!!

Que devient U238 dans le réacteur ? Il peut grossir en avalant des neutrons, plutonium 239, plutonium 240 et des atomes encore plus lourds de la famille des actinides. Il peut se casser en atomes plus légers, iode, krypton, strontium... U 238 baigne dans une soupe compliquée d'éléments lourds et légers, plus ou moins radioactifs, avec des durées de vie de 1/10ème de seconde à 10 000 ans.

Un détail, pour faire du plutonium à la bombe, le combustible ne doit rester dans le réacteur qu'un peu plus d'un mois. C'est pourquoi on a commencé par faire des réacteurs plutonigènes à bombes, on pouvait entrer et sortir les éléments de combustible sans arrêter la machine (Tchernobyl ou Brennilis). Tandis que Fessenheim et les autres ne s'arrêtent que tous les ans ou 2 ans et produisent des isotopes qui ne plaisent pas aux militaires.

Partout, sauf en France, on enfouit les éléments de combustible irradiés sous un container inox (doublé d'un container cuivre dans les pays nordiques). Nous, nous faisons le tri des déchets, cisaillage des tubes de zirconium et séparation des produits de fission suivant leur durée de vie. Les produits les plus embêtants sont intégrés dans du verre, coulé dans des tubes inox de 40 cm de diamètre et 1,5 mètres de long.

En poids, la plus grosse partie des déchets, c'est U238. Or, la France a fait fonctionner pendant 30 ans le surgénérateur Phoenix qui avait comme particularité de pouvoir "brûler" le plutonium des bombes et créer du combustible à partir de U238. Si bien qu'on a construit et mis en service Super Phoenix, prototype industriel électrogène. Mais le nucléaire est dangereux, Phoenix et Super Phoenix sont en cours de démantèlement. Je parie que dans 20 ans, les Chinois auront repris l'idée et nous la vendront. U238 appauvri risque alors d'être trop cher pour faire des quilles, d'autant que nous aurons dépensé un fric fou sur le projet "Iter".